Encore hier, j'entendais quelqu'un opposer le monde réel au monde virtuel, accusant malicieusement le second de causer la perte du premier : "La crise, vous savez, c'est ça : une économie virtuelle qui a perdu le sens commun des réalités", a-t-il lancé à son auditoire.
Réaction immédiate : j'ai senti poindre le fameux sentiment d'insécurité, le cœur de la salle s'est serré et personne n'a sourcillé.
D'ailleurs, sur le moment, pas évident d'y voir clair dans cette confusion ambiante. De quel(s) danger(s) s'agissait-il vraiment ?
Celui de s'enfermer dans un univers (cal)feutré, une sorte de prison dorée et d'oublier peu à peu une certaine logique indispensable à notre vie matérielle... ? Vous me direz, c'est une question de bon sens : on ne dépense pas l'argent que l'on n'a pas si l'on veut éviter de s'endetter, on ne prend pas de risques inconsidérés si l'on veut vivre vieux et l'on ne diffuse pas ses photos personnelles (encore moins celles de sa petite amie ;) sur flick'r si l'on souhaite conserver un minimum d'intimité. Bon d'accord.
Mais le danger, c'est aussi celui d'amalgamer virtualité et non-existence, voire "mal-existence".
De quoi parle-t-on ? Des nouveaux médias individuels du web et du mobile : les sites, les blogs, flux, widgets, réseaux sociaux… Ce monde virtuel tel que nous le connaissons pour la plupart existe bien. Il est même devenu une partie importante du monde très réel dans lequel nous évoluons chaque jour. Il l'a juste un peu plus dématérialisé, comme en leur temps l'ont fait le courrier en abolissant les distances, le téléphone en se jouant (en plus) du temps ou la carte à puce en inventant la plastic-money.
Oups, soudain j'ai un doute.
Qu'arrivera-t-il si ma vieille mère apprend un jour qu'à chaque fois que je l'appelle via ma box nous basculons dans une autre dimension ? … si les couples qui se sont mariés après s'être rencontrés sur Meetic se rendent compte que leur union est contre-nature ? … et si des amis qui viennent de recevoir ma carte postale de vacances découvrent qu'elle a été prise avec mon mobile puis imprimée et expédiée depuis un site web ? Notre amitié en serait-elle remise en question ?
Bon, apparemment rien de plus fantasque ou d'irrationnel que dans notre bonne vieille réalité. Simplement quelques nouvelles règles d'usages auxquelles on doit avec le temps faire l'effort de s'habituer. Et ça, résistance au changement oblige, c'est pas de la tarte.
A lire en complément, "That's a special case", la note de Seth Godin.
Et à écouter en accompagnement :
Crédit photo : Ugly Smile de Bastien Lattanzio.
Il est vrai que l'on se dématérialise de plus en plus via des blogs, des plateformes communautaires tels que Facebook, MSN...
Je me suis penché sur la question en étudiant le cas Playstation qui d'année en année tente de briser la frontière entre le réel et le virtuel. As-tu déjà joué à un jeu de foot ou de tennis sur une PS3 ? C'est impressionnant et très perturbant. On ne distingue plus le réel du virtuel. Sur ce, je vais me faire une partie de Live Poker !
This is living.
Rédigé par : Grégory Buchheit | 03 février 2009 à 11:05
Tu bluffes, Greg ;)
Rédigé par : Mickael Guillois | 03 février 2009 à 11:29