C'est toujours comme ça : il y a la théorie, il y a la pratique et dans "la vraie vie" parfois, les idées brillantes qui ont illuminé notre créativité entre les 4 murs d'un bureau ne rencontrent pas toujours leur public, comme on le dit poliment.
Contrairement à la publicité qui contrôle jalousement son message, accrocher l'attention d'une communauté c'est avant tout lui proposer une histoire ouverte. Une histoire dans laquelle chacun peut, s'il le souhaite, participer à l'expérience en jouant son propre rôle au cœur de sa communauté et au gré de ses envies. Le tout sans que le marketeur n'ait plus aucune emprise sur son message originel.
Alors autant confronter au plus tôt nos mécaniques sociales avec l'environnement bien réel dans lequel évolue notre communauté, histoire de nous assurer que notre message ne sera pas (trop) dénaturé et saura in fine susciter l'intérêt des membres de notre communauté, leur adhésion et leur implication. Sinon, #vivelaventure !
Pour illustrer mon propos, voici une opération ("Ca réveille les artistes" de Carrefour) qui a attiré cette semaine mon attention #danslavraievie et les 3 raisons pour lesquelles à mon sens elle aurait pu avoir encore plus de succès en magasin, sur facebook et twitter :
L'opération en 2 mots : Carrefour met à disposition de ses clients en magasin, du 23 septembre au 21 octobre, un piano pour tenter de gagner l'une des dotations de son jeu-concours. Gros lot : 5 000 euros. Pour participer : se filmer en train de jouer un morceau et publier sa vidéo sur son profil Facebook avec le hashtag #pianocrf.
Point de vue :
1::. L'idée a pourtant tout pour plaire, elle modernise l'image de l'enseigne et elle est dans l'air du temps (Piano en Gare #àvousdejouer @sncf), hélas 1er bémol : sa présentation. Un piano et un kakemono aux couleurs promotionnelles qui donnerait presque l'impression qu'il s'agit d'un espace de vente. En passant devant, noyé dans le flux des clients pressés, j'ai cru 2 sec. que Carrefour vendait désormais des pianos à 5 000 euros :°
2::. Passé la surprise, même si la signalétique sociale est très très discrète (quasi aucun logo Facebook), la mécanique du jeu semble simple. Mais finalement, elle ne l'est pas. L'implication qu'elle demande est un frein à la participation : se lancer dans une improvisation à quelques mètres des files d'attentes aux caisses, filmer sa merveilleuse prestation couverte par les bips des lecteurs de codes-barres et publier son chef d'œuvre aux yeux de sa communauté. Respect aux participants, fallait oser.
3::. Dernier point et peut-être le plus important : quel est le véritable sens et le bénéfice de cette mécanique communautaire ? Afficher son incroyable talent sur Facebook ? On vient de voir que l'exercice est difficile. Reste alors cette énorme dotation de 5 000 euros. Beaucoup, non ? Même trop. J'ai presque eu l'impression qu'à défaut de la capter, on cherchait à acheter mon attention. Bon je sais, j'ai parfois l'esprit tordu…
Dommage, avec quelques ajustements, l'expérience aurait été vraiment épatante.